Rapport annuel 2018 : une tendance vers le gris mais non irréversible
BAM, dans son dernier rapport sur la situation économique et financière au niveau national, tire la sonnette d’alarme pour attirer l’attention du gouvernement quant à l’urgence des réformes à mener pour éviter ou tout au moins freiner le processus de détérioration des principaux indicateurs économiques.
Au niveau international, à l’exception des Etats Unis d’Amérique qui semblent « tirer leur épingle du jeu », tout au moins provisoirement, le contexte mondial semble peu favorable. En effet, tensions commerciales et géopolitiques, incertitudes liées au Brexit et durcissement des conditions financières ont impacté négativement la croissance nationale qui a chuté à 3,6%.
Au niveau des matières premières, les cours des produits pétroliers sont repartis à la hausse. Sur le plan financier, là aussi, à l’exception des places boursières américaines qui ont enregistré des performances, celles de la zone euro et du Royaume Uni se sont inscrites en baisse.
Ainsi, après un rythme de croissance de 4,2% en 2017, l’économie nationale a connu, en 2018, une croissance de 3%, avec une faible contribution des secteurs non agricoles, limitée à 2,6%. Ce sont surtout les industries de transformation qui ont freiné cette baisse de la croissance. La contribution des exportations nettes à la croissance économique est négative, à hauteur de 1,3 point, alors que celle de la demande intérieure a augmenté de 4,3 points.
En matière d’emploi, c’est surtout le tertiaire qui a pu absorber plus de la moitié des 112 mille nouveaux postes créés. Le taux de chômage est reparti à la hausse pour atteindre 9,8% au niveau national, avec 14,2% dans les villes et 40% pour les jeunes urbains âgés de 15 à 24 ans.
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Au niveau équilibre macroéconomique, les déficits jumeaux se sont accentués. La balance commerciale s’est détériorée sous l’effet de la facture énergétique. Les recettes voyages ont fortement décéléré ainsi que les transferts MRE. Le déficit du compte courant est ainsi passé de 3,4% à 5,5% du PIB. Les réserves internationales nettes de BAM représentent un peu plus de 5 mois d’importation de biens et de services.
Le déficit budgétaire s’est aggravé, passant de 3,5% à 3,7%. Les dépenses d’investissement ont accusé un recul. Par contre les recettes fiscales ont pu enregistrer une augmentation de 4,2%, provenant surtout de la croissance des recettes de la TVA et celles de l’IR.
Le taux d’endettement du Trésor a augmenté à 65,3% du PIB, avec un accroissement à 51,9% du PIB pour sa composante interne et une baisse à 13,4% pour sa composante externe. L’accélération du remboursement de crédit TVA au profit des entreprises du secteur privé et du secteur public, grâce au nouveau système d’affacturage mis en place, a permis de soulager la trésorerie des entreprises. Par contre, le taux d’inflation a connu une hausse passant de 0,7% à 1,9%, due en particulier au renchérissement des prix des produits alimentaires.
Le secteur bancaire a globalement pu préserver sa rentabilité malgré le caractère limité de la croissance de crédit. Le projet d’inclusion financière, mis en œuvre à travers la stratégie nationale d’inclusion financière, devrait permettre une redynamisation de ce secteur stratégique dans le développement national.
Enfin, au niveau de la place boursière de Casablanca, principal indicateur de l’état de santé du secteur privé au niveau national, les cours se sont globalement inscrits en baisse, avec notamment un recul de 8,3% du MASI.
Ce tableau sombre de la réalité économique et financière nationale, dressé par BAM, appelle les instances gouvernementales à agir de toute urgence pour redonner confiance, crédibilité et espoir aux citoyens et aux acteurs économiques.